samedi 18 mars 2017

La Foi et l'Espérance

La beauté de la Vie contre la laideur de la Mort


"La guerre… Je vois des ruines, de la boue, des files d’hommes fourbus, des bistrots où l’on se bat pour des litres de vin, des gendarmes aux aguets, des troncs d’arbres déchiquetés et des croix de bois, des croix, des croix… Tout cela défile, se mêle, se confond. La guerre…" 
Roland Dorgelès, "Les croix de bois"

Cette fois, je vous invite à rencontrer une famille qui vit au milieu des ruines près de l'aéroport de Donetsk. Avec leur 2 enfants ce jeune couple a vécu la guerre, restant dans leur maison même au plus fort des combats. Leur histoire, à la fois héroïque et banale symbolise la résistance de ce peuple du Donbass, gardien de ses traditions, animé par la Foi et l'espérance et l'exemple de son Histoire. 
Nous reviendrons à la rencontre de ses femmes et ses hommes d'Oktyabrsky, héros inconnus et désarmés d'une guerre au caractère génocidaire abject et sournois que les Néo-cons ont lancé contre la Russie


Chroniques d'Oktyabrsky - 2



Depuis 3 ans bientôt la haine de Kiev pour les russes du Donbass qui demandent à vivre dans le respect de leur identité culturelle et historique s'est transformée en guerre à caractère génocidaire. Chaque jour et chaque nuit, des bombardements quotidiens ont transformé une ligne de front en champ de ruines apocalyptique au milieu desquelles, contre toute attente, la vie civile s'accroche encore refusant de céder à la peur et à la mort...

C'est le cas d'Oktyabrsky, un quartier qui appartient au district de Kuybichesky et qui est situé au Nord de Donetsk, à proximité de l'aéroport Sergei Prokoviev lequel, depuis mai 2014 de violents combats opposent les forces républicaines et l'armée ukrainienne pour le contrôle de cette zone stratégique et symbolique située à moins de 20 minutes en voiture du centre ville de Donetsk.

Avant la guerre, autour d'un aéroport international flambant neuf qui avait été modernisé à l'occasion de la coupe de l'Euro 2012 de football, ce quartier bordé d'étangs où de petites maisons individuelles alternent avec des immeubles était réputé pour offrir un cadre de vie paisible tout en restant proche du centre ville. Lorsque la guerre éclate ce quartier se retrouve en première ligne et subit les tirs des "punisseurs" ukrainiens qui depuis l'aéroport bombardent la population civile jusque dans le centre ville de Donetsk. De septembre 2014, les milices républicaines vont se lancer à la reconquête de cette zone aéroportuaire qui sera finalement libérée en janvier 2015 (voir un résumé ici)

Ce 17 mars, accompagné de Svetlana Kissileva et Yana Basha de Novorissiya Today que je remercie pour la qualité de leurs photos (et de leur compagnie !), nous partons à la rencontre de Luyba et d'Alekseï qui survivent depuis 3 ans au milieu des ruines de leur quartier.

Malgré les accords de Minsk (Septembre 2014) le quartier d' Oktyabrsky continue d'être pilonné chaque nuit par l'artillerie ukrainienne. Sur cette carte, les bombardements réalisés dans ce secteur en 2016 (sachant que les pires ont été réalisés en 2014 et début 2015)
Malgré la violence des combats et bombardements, un nombre important d'habitants décide de rester dans leurs maisons endommagées, par choix ou par obligation, et depuis 3 ans offrent au monde un exemple de résilience héroïque...

Avec Luyba dans son quartier Photo S. Kissileva
Lyuba, avec son mari Alekseï et leurs 2 enfants, Alexandre et Dimitri, font partie de ses gens exceptionnels qui ont décidé de s'accrocher coûte que coûte à leur sanctuaire résistant à la haine et la mort par l'amour de la vie. Luyba réalisant des visites familiales de l'autre côté du front, nous a demandé de conserver l'anonymat pour se protéger et ainsi que les siens qui sont dans la zone occupée par l'armée ukrainienne. 
Nous avons donc pour cette rencontre, changé les prénoms et évité les photos identifiables.

Depuis 3 ans toutes les vies ici ont été bouleversées, les rêves détruits et l'environnement naturel et social envahi par la mort et les destructions. Lorsque la crise ukrainienne du Maïdan se transforme en coup d'état renversant le gouvernement Ianoukovitch, Lyuba qui suit les événements ne s'imagine pas un seul instant que l'enfer va se déchaîner un jour autour de sa maison. L'inquiétude va commencer à surgir en avril lorsque les premiers combats éclatent à Slaviansk (100km au Nord Ouest de Donetsk) et à partir de là, les événements comme les orages d'acier se précipitent vers la ville aux 1 millions de roses. 


Le jardin bombardé quelques minutes après que la famille soit partie se réfugier dans la maison
Cette jeune femme à la beauté rayonnante se souviendra certainement toute sa vie de ce 26 mai 2014, jour où la guerre fit irruption dans sa vie quand son père jouait avec ses enfants dans le jardin. Des chasseurs bombardiers ukrainiens ont alors crevé l'azur du ciel déchaînant l'enfer sur les abords de l'aéroport que des miliciens venaient de prendre sous leur contrôle.

Le quartier où habite Lyuba et Aleksei, transformé en paysage lunaire
par les combats de 2014-2015 et qui continue à subir quotidiennement
des bombardements ukrainiens en provenance d'Avdeevka et Peski.
Photo Yana Basha
Car cette famille habite à quelques centaines de mètres à peine de l'aéroport et se retrouve alors aux premières loges d'une des plus violentes batailles réalisées dans le Donbass et qui va se poursuivre pendant des mois avec des bombardements tellement intenses que les services d'urgence ne peuvent intervenir sur le secteur où chaque jour des civils tombent sous les obus. L'électricité, l'eau et le gaz sont coupés, et autour de Luyba, d'Alekseï et de leurs deux enfants, les maisons s'effondrent sous les incendies et les coups directs de l'artillerie lourde et des chars de combat ukrainiens. 

L’aîné des 2 garçons, lorsque les bombardements s'abattent sur le quartier subit un traumatisme psychologique grave, il perd l'usage de la parole et depuis, il est suivi par un pédo-psychiatre qui tente de chasser de son esprit la peur des "orages" qui depuis plus de 2 noëls tonnent en permanence dans le ciel. Grâce aux dons j'espère pouvoir prendre en charge une grande partie des soins qui aujourd'hui sont devenus exorbitants pour ses parents (voir en fin d'article).

Lorsque les canons et les avions de chasse ukrainiens commencent à écraser la population sous leurs tirs, comme beaucoup de pères, de maris, de frères, le compagnon de Luyba s'engage dans la milice pour défendre sa terre. Alexeï se battra sur les fronts de Gorlovka et Donetsk avant d'être réformé suite à une blessure.
Pendant cette période, la mémoire de Luyba déborde de souvenirs à la semblance de cauchemars, hurlements perçant le fracas des combats , les vitres qui explosent les toitures qui s'effondrent sur les incendies, puis les morts et les blessés que l'on évacue comme on peut entre 2 bombardements, plus tard ce sont les chiens et les chats errants affamés qui dévorent mutuellement leurs cadavres rougissant la neige. 

Trop d'images sombres se bousculent à l'évocation de cette guerre et le beau regard de Luyba se noie dans ses souvenirs aux plaies encore ouvertes.




En 2015, après que les soldats républicains aient chassé les derniers "cyborgs" ukrainiens du labyrinthe d'un aéroport complètement détruit, la situation dans le quartier s'est stabilisée malgré la persistance de bombardements et de combats sur une ligne de front qui s'est éloignée seulement dun kilomètre. 

Mais pour cette jeune femme de 30 ans le cauchemar continue, son mari qui avait été admis à l'hôpital 21 du quartier (lequel subit plusieurs bombardements) après plusieurs mois de coma et 3 opérations cérébrales décède. Luyba est effondrée mais reste debout au milieu des ruines en protégeant ses 2 garçons comme elle le peut. Cette année là, rue après rue, maison après maison, l'eau et l'électricité sont rétablis progressivement et en 2016, les réparations des logements encore habités peuvent commencer grâce à l'aide humanitaire en provenance de la Russie et l'organisation remarquable du jeune Ministère des situations d'urgences.

Photo Svetlana Kissileva
Luyba, qui travaillait avant la guerre dans une administration d'Etat au centre de Donetsk, gère aujourd'hui un petit commerce situé à 1 kilomètre plus au Sud près d'une gare mais dont l'activité commerciale a complètement chuté à cause de la guerre (la gare a connu également plusieurs bombardements et jusqu'à ce mois de février 2017), aussi la famille réussit-elle à peine à survivre dans leur maison endommagée, avec de maigres revenus qui ne permettent ni investissement ou réparation quelconque...

Mais malgré cela, la vie continue et l'espérance fleurit dans toutes les conversations autour d'un café servi selon les traditions de l'hospitalité qui maintiennent élevés la dignité et le respect qu'elle inspire en retour.

Luyba nous a invité à découvrir son quartier où dans les ruelles silencieuses et sans voiture; bornées de maisons, d'écoles et de magasins totalement détruits, survit une population incroyable qui réalise même toujours, au milieu des cratères d'obus et des débris de la guerre, le nettoyage printanier coutumier des jardins et parterres...

Car c'est aussi dans ces gestes quotidiens, ménagers et traditionnels qu'au milieu des ruines d'Oktyabrsky la Vie gagne son combat sur la Mort et tel un Phoenix réaniment Oktyabrsky de ses cendres. Lorsque l'on évoque les guerres on parle souvent des héros qui écrivent en lettres de sang l'Histoire militaire et glorieuse, mais il ne faut pas oublier ces civils qui dans l'ombre des maisons silencieuses continuent malgré la peur et la misère à entretenir la flamme du foyer qui brûle dans le coeur des soldats et leur donne le courage de se battre.

Nous continuons la discussion, tandis que dehors résonnent des tirs de lance grenades automatiques (AGS 17) qui explosent dans le secteur de l'aéroport dont le terminal est tenu depuis 2 ans par la bataillon Sparta. 
Plus tard, en fin d'après-midi, passant par les secteurs de Volvo Center et de la Gare, récemment touchés par des bombardements, nous retournons dans le centre ville bruyant de Donetsk, cet autre facette du Donbass, elle aussi surréaliste, et aux antipodes d'une ligne de front pourtant toute proche, que je m'empresse de rejoindre...

Il est 6h30 ce samedi 18 mars, et comme chaque matin, l'artillerie ukrainienne ouvre la journée par des aboiements de haine meurtrière... 

Je pense à Yulia,  Katia, Luyba, Alexandra, Sergeï, Andreï et tant d'autres qui sont dans ce quartier où j'ai décidé de vivre depuis 2016, et où l'on peut côtoyer chaque jour des personnes dont le courage et l'humilité sont animés par une foi indestructible et qui leur donnent encore la force, au milieu de ruines toujours bombardées, d'offrir aux passants un sourire chargé d'espérance.

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Pour retrouver de nombreuses autres photos de ce reportage :

Le reportage en russe, le lien ici : Espoir et foi   
Le reportage en français, le lien ici : Lyuba du quartier d'Oktyabrsky 


Lyuba dans son petit magasin avec ses 2 enfants 



Pour lire les autres chroniques et articles sur ce quartier de l'aéroport, le lien ici : Oktyabrsky

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Projet humanitaire pour Oktyabrsky

Lorsque les dons personnel reçus dépassent mes besoins minima de vie quotidienne  je consacre alors le surplus à aider les gens de mon quartier, notamment les personnes âgées et les familles bombardées. S'il est impossible d'aider tout le monde, il est aussi difficile de choisir vers qui diriger es actions importantes tant il y a de personnes prioritaires. Hier par exemple c'était Yulia et Alex pour la réparation de leur maison bombardée (38 500 roubles environ) et aujourd'hui, pour la famille de Luyba, grâce aux dons, j'ai pu déjà leur donner 8000 roubles pour aider au règlement des frais médicaux de leur enfant malade. Mais ce n'est pas assez car ces frais s'élèvent à 50 000 roubles par trimestre sans compter les déplacements vers la ville où est traité l'enfant et qui est située à plus de 200 km. 

Même si la Russie et la République de Donetsk apportent une aide importante notamment pour les matériaux de reconstruction des maisons bombardées, il manque encore pour de nombreuses habitants des besoins importants pour leur permettre de survivre. (alimentation, équipements, vêtements, fournitures scolaires, médicaments,travaux, transports etc...)

Il faut savoir qu'ici la majorité des personnes qui sont restées dans le quartier vivent avec moins de 50 euros par mois et, même si la vie est beaucoup moins chère que dans notre Occident consumériste et décadent, cela ne permet pas malgré tout de restaurer le confort de vie minimum que la guerre a détruit. 

Chaque jour c'est un billet glissé dans la poche d'un mendiant, une facture de gaz payée, ou des réparations réalisées, mais j'avoue que cette aide est autant une pierre de Sysiphe qu'une goutte d'eau dans l'océan... Grâce à la générosité des personnes qui me soutiennent j'ai pu aider une quarantaine de personnes depuis de début de l'année, et je veux continuer et si possible développer cette action.

Si vous voulez aider les gens d'Oktyabrsky, merci d'envoyer vos contributions de soutien sur le compte référencé ci après à partir duquel sont envoyés des virements vers le Donbass, en mentionnant "OKTYABRSKY" et aussi si possible vos coordonnées.

Les dons sont ensuite regroupés et directement adressés aux personnes aidées par mandat Western Union, le seul moyen de faire parvenir de l'argent en international.

Observation: la plus petite somme (l'équivalent d'un paquet de cigarette) est ici la bienvenue et vitale ici.

En vous remerciant par avance de votre soutien moral et matériel 

Bien à vous 


Erwan



mercredi 15 mars 2017

Le "canon-réveil" ukrainien


Depuis 1 an, je découvre ce quartier martyrisé dans lequel j'ai choisi de vivre, loin des lumières artificielles d'un centre ville où se pavanent, toute honte bue, des vautours narcissiques jouant les nouveaux apparatchiks. 
Ici, ce sont les corbeaux qui volent au dessus de ruines toujours bombardées et au milieu desquelles tente de survivre une population exceptionnelle.
Je veux simplement témoigner ici, par ces "chroniques d'Oktyabrsky", de tout mon amour pour ce Donbass martyrisé et oublié des hommes... mais non des dieux !

Chronique d'Oktyabrsky (01) 

15 mars 2017, 6h53, tirs ukrainiens sur Spartak et la zone de l'aéroport. Ce pilonnage aux premières lueurs du jour est tellement quotidien depuis des mois que certaines personnes croisées dans la rue après avoir levé la tête pour identifier le secteur touché, en commentant d'un "Normal !" balaient d'un geste de la main les détonations qui circulent dans la fraîcheur du matin...

Maison détruite rue Stratonavtiv à Oktyabrsky
Mais il ne faut pas croire cependant qu'il s'agit d'indifférence ou de stoïcisme car l'usure est bien là, s'insinuant dans les coeurs et les corps comme un virus sournois. Dans ce quartier d'Oktyabrsky où je vis le danger est devenu une banalité insupportable. Hier soir tandis que des imbéciles se faisaient des selfies dans les cafés luxueux et bondés de Donetsk (à 15mn seulement en voiture) une amie, en écoutant les vitres de la maison trembler, me confiait, les mains serrées autour d'un verre trop vite bu : "cela fait 3 ans bientôt que cela dure et aujourd'hui, je suis tellement épuisée d'avoir peur" 

A 7h15, les tirs ont cessé, les gens ressortent dans la rue pour vaquer à leur survie quotidienne, un minibus zigzague entre les trous de la route tandis que 2 anciens fouillent une poubelle pour ne pas mourir de faim. Des groupes de personnes plus chanceuses marchent vers la gare de Donetsk où les attendent un travail trouvé ici ou là souvent un petit job temporaire autour d'un marché qui permet de payer le gaz, l'électricité (quand le service fonctionne encore) et quelques provisions pour la journée...

La rue Stratonavtiv à Oktyabrsky reliant Spartak à l'Est et Peski à l'Ouest 
longe la zone aéroportuaire sur laquelle passe la ligne de front depuis mai 2014
(désolé pour la qualité de la vidéo faite avec mon téléphone portable)

Avant hier 4 civils ont été blessés dans un rayon de 500 mètres, victimes d'une haine aveugle stupide et meurtrière, et hier soir les bombardements reprenaient dès 19h00 poussant les gens à se réfugier dans leurs maisons.

Cette guerre que mène Kiev contre le Donbass est pour la population de la ligne de front un supplice chinois monstrueux où chaque goutte d'eau s'écrasant sur le front d'un prisonnier enchaîné est remplacé par un obus destructeur...


Cénotaphes de la guerre, boulevard Joukov 
Sur le chemin vers Donetsk où je viens un moment y rechercher une connexion suffisante pour le travail, je passe devant les cénotaphes rappelant le noms des martyrs civils du quartier. 
Plus de 200 noms d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants sont gravés ici dans la pierre et les coeurs, pour rappeler les souffrances d'une Histoire toujours en mouvement. Et autour de ces stèles régulièrement fleuries, la vie continue malgré la peur, car sur cette terre russe aux frontières de l'Empire, depuis toujours "le souvenir des morts est la force des vivants"


Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

La clef de voûte de l'église d'Oktyabrsky (proche de l'aéroport) témoigne de la violence des bombardements 
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Projet humanitaire pour Oktyabrsky

Lorsque les dons personnel reçus dépassent mes besoins minima de vie quotidienne  je consacre alors le surplus à aider les gens de mon quartier, notamment les personnes âgées et les familles bombardées. 

Même si la Russie et la République de Donetsk apportent une aide importante notamment pour les matériaux de reconstruction des maisons bombardées, il manque encore pour de nombreuses habitants des besoins importants pour leur permettre de survivre. (alimentation, équipements, vêtements, fournitures scolaires, médicaments)

Il faut savoir qu'ici la majorité des personnes qui sont restées dans le quartier vivent avec moins de 50 euros par mois et même si la vie est beaucoup moins chère que dans notre Occident consumériste et décadent, cela ne permet pas malgré tout de restaurer le confort de vie minimum que la guerre a détruit. 

Chaque jour c'est un billet glissé dans la poche d'un mendiant, une facture de gaz payée, ou des réparations réalisées, mais j'avoue que cette aide est autant une pierre de Sysiphe qu'une goutte d'eau dans l'océan... Grâce à la générosité des personnes qui me soutiennent j'ai pu aider une trentaine de personnes depuis de début de l'année, et je veux continuer et si possible développer cette action.

Si vous voulez aider les gens d'Oktyabrsky, merci d'envoyer vos contributions de soutien sur le compte référencé ci après à partir duquel sont envoyés des virements vers le Donbass, en mentionnant "OKTYABRSKY" et aussi si possible vos coordonnées.

Observation : la plus petite somme (l'équivalent d'un paquet de cigarette) est ici la bienvenue et vitale ici.

En vous remerciant par avance de votre soutien moral et matériel 

Bien à vous 


Erwan


mardi 14 mars 2017

Entre la peur et la rage !

Oktyabrsky à nouveau bombardé !


Alors que le blocus organisé par les ultra-nationalistes amplifient l'anarchie politique ukrainienne et coupe définitivement les derniers liens économiques qui survivaient à la guerre entre Kiev et les Républiques, les bombardements contre la population du Donbass ont connu une nouvelle escalade hier, principalement dans le Nord de Donetsk où 4 civils ont été blessés.

Les tirs ukrainiens ont repris dès le milieu de l'après midi gagnant en intensité vers 17h00 dans le quartier d'Oktyabrsky où plusieurs obus sont tombés dans des quartiers résidentiels déjà durement touchés depuis 2 ans et demi.


Vers 17h00, un immeuble de 10 étages rue Kozholnaya dans le secteur de Volvo Center a été touché par une salve qui a blessé 2 ouvriers qui réparaient sur le toit de précédents dommages dus aux bombardements.

Vers 20h30, une maison plus au Sud du quartier sur le boulevard Joukov a été touché par un obus qui a détruit toutes ses fenêtres et endommagé le mur ainsi que le réseau de gaz et d'électricité...

Présent au moment de ce deuxième bombardement, je me suis rendu immédiatement vers ces voisins de quartier qui étaient encore sous le choc de ce terrible coup qui à 1 mètre près aurait crevé le toit détruit la maison et probablement causé leur mort. 


Dans cette modeste demeure vit un couple qui a déjà tout perdu à Peski dans leur première maison qui a été détruite et pillée par l'armée ukrainienne. Deux ans plus tard la guerre les rattrape, s'acharne en pulvérisant portes et fenêtres et crevant la toiture et les murs de dizaines d'éclats de schrapnels qui par miracle n'ont touché personne.

Voir ce couple de retraités, qui vit dans cette modeste demeure, pleurant de colère et de peur, au milieu de débris de verres et de souvenirs renversés par la haine est un quotidien qui devient de plus en plus insupportable, sachant que dans ce quartier détruit ne survivent que quelques familles loin de tout objectif militaire. 


Dans cet extrait, Lina nous explique comment le sort s'acharne sur elle et son mari, qui après avoir tout perdu une première fois à Peski viennent d'être à nouveau frappés par la haine aveugle et mortelle de cette "opération spéciale antiterroriste"

Sérieusement, trouvez-vous que cette femme ressemble à une "terroriste" ?



Quelques minutes plus tard, alors que je partais vers un autre secteur bombardé, des planches occultaient déjà les plaies ouvertes de la maison...

Car ici dans le Donbass, la vie continue même au milieu des ruines !

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Oktyabrsky, un quartier martyrisé depuis 3 ans mais où la vie résiste toujours et encore ! 


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S'il vous plaît, pour m'aider dans ce travail de réinformation

Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos ... et locales, obsédées par la recherche du monopole de l'information.

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Erwan


dimanche 12 mars 2017

"Son bataillon"

Depuis 3 ans Oktyabrsky est au coeur de la guerre et le théâtre des combats parmi les plus violents qui opposent les forces ukrainiennes aux forces républicaines.. L'aéroport qui est la clef de voûte de la ligne de front Nord de Donetsk a été conquis par le bataillon "Sparta", commandé par "Motorola", dont le nom mythique est associé à ce haut lieu de la guerre.

Suite au lâche attentat perpétré contre Motorola, un film "Son bataillon" a été réalisé évoquant les combats et les bombardements qui secouent Oktyabrsky chaque jour...


Au début de ce mois de mars, un film hommage au colonel Pavlov était présenté à la population de Donetsk. Cette réalisation de Maxim Fadeev est aujourd'hui disponible sur le Net, ce qui permet ainsi pour tous de retrouver la réalité de cette Histoire en mouvement qui a frappé l'Ukraine et le Donbass en 2014 et qui continue à écrire une destinée européenne sur ces mêmes champs de bataille entre Lugansk et Donetsk...


La plupart des images des combats qu'alternent les témoignages des soldats du bataillon "Sparta" ont été prises dans le quartier d'Oktyabrsky, à proximité de l'aéroport de Donetsk qui fut et qui est toujours un enjeu vital du front de Donetsk et qui est devenu un symbole majeur de cette guerre du XXIème siècle.

Lorsque le pouvoir de Kiev issu du coup d'état du Maïdan lance une attaque contre la population russe du Donbass travestissant son caractère génocidaire sous la cynique appellation d'"Opération Spéciale Antiterroriste" l'aéroport de Donetsk apparaît rapidement comme la porte d'entrée et la clé de voûte de la défense de la ville . En effet l'aménagement routier et la proximité de cet aéroport international ultra-moderne (refait en 2012) en font une voie d’accès majeure qui est à seulement 20 minutes du centre de la ville de Donetsk qui ailleurs est protégée de larges profondeurs urbaines difficiles et longues à conquérir.


Chronologie de la bataille de l'aéroport

En 2014, lorsque les manifestants fédéralistes sont massacrés à Odessa (2 mai) à Mariupol (9 mai) et dans de nombreux bureaux de vote organisés pour le référendum du Donbass, les séparatistes qui ont pris le contrôle des bâtiments administratifs des oblasts de Donetsk et Lugansk, occupent le 26 mai l'aéroport de Donetsk alors que les combats s'intensifient dans la région de Slaviansk et notamment autour de l'aéroport de Kramatorsk.

A Donetsk, l'aéroport 'Sergei Prokoviev" qui est repris par les forces gouvernementales reste cependant fermé suite aux dégâts provoqués par les premiers combats. Malgré des échanges de tir réguliers la situation va se stabiliser au cours de mois de juin.

Le 5 juillet, les forces pro-russes du colonel Strelkhov échappent de justesse à l'encerclement de Slaviansk et rallient le bastion de Donetsk. Le 11 juillet, les combats reprennent autour de l'aéroport utilisé par Kiev pour bombarder Donetsk. Les combats vont rapidement s'intensifier tandis que les milices d'autodéfense de la ville, renforcées par les 2000 miliciens de Slaviansk et de nombreuses défections de militaires ukrainiens commencent à s'organiser autour des dépôts de matériels et munitions abandonnés par Kiev.

Le 29 septembre 2014, les milices d'autodéfense lancent une offensive pour reprendre le contrôle de l'aéroport et repousser les unités ukrainiennes qui tirent sur la ville. Le 3 octobre les combats font rage autour du terminal où de chars sont engagés de part et d'autre. Les ukrainiens cèdent du terrain mais s'accrochent dans le dédale des couloirs et souterrains qui offrent au milieu des bâtiments détruits, des foyers de résistance difficiles à conquérir.

De novembre 2014 à janvier 2015, une guerre urbaine difficile et violente s'engage alors dans les ruines de l'aéroport, au cours de laquelle les forces républicaines mètre après mètre, étage après étage, s'emparent du terminal de l'aéroport et sécurisent les réseaux souterrains utilisés par les "cyborgs" ukrainiens. C'est au cours de ces mois de bataille difficiles que les bombardements ukrainiens qui s'étendent sur le quartier d'Oktyabrsy vont être les plus importants.

Le 21 janvier 2015, Kiev admet enfin avoir perdu le contrôle de l'aéroport où l'armée ukrainienne a perdu beaucoup de soldats et de mercenaires occidentaux. 

Lors de cette bataille de l'aéroport de nombreuses unités de Donetsk se sont jetées dans la mêlée, payant chèrement la reconquête de ce lieu autant stratégique que symbolique. le fer de lance bicéphale de cette grande victoire républicaine était les bataillons "Somali" (blindés) du colonel "Givi" et "Spartak" du Colonel "Motorola", tous deux disparues récemment dans des attentats terroristes perpétrés au coeur de Donetsk.


Aujourd'hui cette zone particulièrement sensible de la défense de Donetsk continue d'être le théâtre de bombardements et de combats réguliers, notamment sur les zones de "Volvo Center" à l'Ouest et de "Spartak" à l'Est de la zone aéroportuaire qui continue à être bombardée quotidiennement.

Ce film magnifiquement réalisé est donc le témoignage important d'une page d'Histoire qui n'est pas encore tournée et un hommage éternel aux soldats de la République de Donetsk qui derrière leurs chef de guerre ont su défendre avec honneur leur liberté...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya


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S'il vous plaît, pour m'aider dans ce travail de réinformation

Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos ... et locales, obsédées par la recherche du monopole de l'information.

Merci d'envoyer vos contributions de soutien sur le compte référencé ci après à partir duquel sont envoyés des virements vers le Donbass

Observation : la plus petite somme (équivalent à celle d'un paquet de cigarette) est la bienvenue et vitale ici.

En vous remerciant par avance de votre soutien moral et matériel 

Bien à vous 

Erwan





dimanche 26 février 2017

La foi du Donbass

Le bouclier invisible et invincible du Donbass 


Récemment au cours d'une discussion j'expliquais à un ami comment le polythéiste que je suis pouvait ressentir un profond respect pour cette foi orthodoxe découverte sous les bombardements du Donbass. Le sujet est aussi passionnant qu'infini car il touche la Foi, ce dynamisme spirituel universel et intemporel et qui est une des caractéristiques spécifiques de l'espèce humaine. 
Ernst Jünger écrivait que la guerre déshabille l'âme et la met nue devant la destinée humaine. Quand la guerre a détruit les artifices et les apparences des choses rappelant à notre société  la futilité et la vacuité du paraître, il ne reste à l'Homme que cette impalpable force qui bat au fond de ses entrailles et de son esprit. 

C'est cette force qui fait bondir le milicien de sa tranchée pour pouvoir détruire le char ukrainien qui s'approche de son village en semant la mort .
C'est cette force qui fait se jeter cette mère sur son enfant pour le protéger de son corps quand des centaines de shrapnels détruisent le bus qui les transportent.
C'est cette force qui fait sortir de sa cave cet enfant fatigué et tremblant sur le chemin de l'école au milieu des ruines et des arbres brûlés de son village.

Dans le Donbass, ce peuple admirable dont le courage et l'humilité ne cessent chaque jour de me subjuguer. Malgré les coups répétés d'une armée ukrainienne poussée par une haine génocidaire, les femmes et les hommes du Donbass restent debout au milieu des ruines de leurs maisons et de leurs églises.

Ainsi hier 25 février, alors que les combats et les bombardements ont repris avec virulence depuis plusieurs jours, une foule s'est réunie dans les ruines du monastère d'Iversky, à quelques centaines de mètres des lignes des unités ukrainiennes dont une attaque avait encore été repoussée la veille. 

Dans cet extrait nous pouvons entendre les détonations
résonner à proximité pendant la prière de bénédiction

(Vidéo Sergey Golohoy)

"Folie !" diront certains "Héroïsme !" diront d'autres... mais pour les femmes et les hommes chantant autour des clercs et des moniales, venir célébrer le 20ème anniversaire de la fondation du Monastère de Saint Iver, était pour eux un acte de foi normal et un devoir moral de montrer que le coeur vivant de leur lieu sacré était toujours vivant au sein de toute la communauté en guerre...


A l'issue de la bénédiction donnée par l’évêque Hilarion, le métropolite de Donetsk et Mariupol, la cérémonie religieuse a été célébrée par l’archiprêtre Varsonofy, le vicaire du diocèse de Donetsk, en présence de la communauté des religieuses du monastère et d'une foule importante de fidèles dont la présence a été saluée chaleureusement à la hauteur de leur courage.

Je croise chaque semaine des personnes qui viennent malgré les combats et les bombardements réparer avec de faibles moyens l'église du monastère pour y permettre la tenue de nouvelles cérémonies et rassemblements à l'abri des intempéries. C'est ainsi que depuis 2016, des bâches et tôles ont remplacés la toiture effondrée en 2014 sous les bombardements.


J'ai déjà évoqué plusieurs fois ici ce lieu émouvant d'Iversky, situé à quelques centaines de mètres de chez moi. Ce monastère situé sur les lisières de la zone aéroportuaire abritait avant la guerre une communauté de religieuses orthodoxes, mais qui ont du se réfugier dans Donetsk en 2014 lorsque leur havre de paix et de prière s'est transformé en champ de bataille hurlant.
Aujourd'hui le monastère est en ruine mais toujours entretenu malgré les bombardements qui frappent quotidiennement cette zone il reçoit régulièrement, comme la mosquée située à 1500 mètres environ, la visite des fidèles et des membres de la communauté religieuse qui viennent mètre après mètre nettoyer cette terre sacrée des crachats d'acier de la folie humaine.

Le bâtiment de vie de la communauté  religieuse, avec dans le fond les premiers bâtiments techniques de l'aéroport
Dans le Donbass, à la semblance d'un athanor, le peuple du Donbass va ressortir du feu de la guerre encore plus grand et plus fort, et ce qui s'est passé hier dans l'intimité des murs troués et tremblants du monastère d'Iversky montre qu'il ne s'agit pas d'une rodomontade propagandiste mais bien de la réalité d'un peuple invincible...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya








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Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos ... et locales, obsédées par la recherche du monopole de l'information.

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Erwan