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mardi 4 juillet 2017

Au rythme des canons ukrainiens et de Zaz !

Chroniques d'Oktyabrsky 11


Je reproduis dans cet article 2 post publiés initialement sur Facebook pendant les soirées des 1er et 3 juillet 2017 lorsque les soudards de Kiev ont commencé à réanimer le quartier d'Oktyabrsky au son de leurs gueules d'acier chauffées par une haine venue d'un âge que l'on croyait révolu.

Une énième trêve avait pourtant été déclarée entre les belligérants alors de la dernière réunion du groupe de contact de Minsk 2 qui l'avait même nommée "Trêve du pain" en référence aux récoltes céréalières du moment. Ici à Oktyabrsky, lorsque j'ai évoqué avec mes voisins cette nouvelle trêve elle même à l'intérieur de la trêve de Minsk, ils ont haussé les épaules m'avouant ne même plus écouter les infos depuis des mois et des mois tant aucune promesse de cessez le feu n'a survécu plus de quelques jours seulement...


Nous voilà donc revenus dans le rythme augmentant au fil des jours des détonations des départs qui interrompent les conversations et des explosions d'arrivées qui accélèrent les pas dans les rues exposées...

Publié initialement sur Facebook le 1er juillet 2017 à 23h31 :

Tout le pain a été mangé !



Le 22 juin dernier, une "trêve du pain" avait été déclarée, cessez le feu "traditionnel" permettant les récoltes céréalières...

Comme d'habitude cette trêve aura duré le temps pour les ukropithèques de nettoyer leurs canons et ouvrir de nouvelles caisses de munitions.

Depuis 3 jours sur le front Nord de Donetsk, dans mon quartier les tirs avaient repris, timides et fugaces, rafales de mitrailleuses lourdes ponctuées par quelques obus de mortier.invitant les habitants à se réfugier à nouveau dans leurs maisons dès le début de soirée.

Aujourd'hui, 1er juillet les dernières miettes de la trêve semblent bien consommées. 

A 22h00 le quartier de Volvo Center à l'Ouest de l'aéroport a été pris sous des tirs intenses de chars et mortiers ukrainiens auxquels nos forces ont riposté rapidement. Au Nord et à l'Est d'Oktyabrsky, l'aéroport et Spartak, ont été également visés par les soudards de Kiev.
J'ai arrêté depuis longtemps à compter le nombre de trêves réduites à néant au bout de quelques jours seulement par les ukrainiens, et il est vraisemblable que celle ci soit morte et enterrée car dans le contexte de la réunion prochaine du G20 ou Poutine doit rencontrer Trump, de l'escalade nouvelle en Syrie etc... il est probable que Kiev engage de nouvelles provocations pour accuser encore et toujours Moscou et alimenter le fantasme d'une invasive armée russe...


A 23h00 : si les tirs ont baissé en intensité il subsiste le long de ce front des rafales et tirs sporadiques dans le secteur de l'aéroport.


Publié initialement sur Facebook le 3 juillet 2017 à 23h00 :


Ce soir près de l'aéroport le barbecue dans le jardin a des épices sonores surréalistes mélange de détonations de mortier, de canons de 30 mm, de mitrailleuses de 14,5 s'invitant dans les rythmes des chansons de Zaz sur lesquelles dansent Igor et Radion deux garçons innocents et insouciants riant sous les branches alourdies par une constellation de poires naissantes...

Lena rentre augmenter le volume de la musique invitant Zaz à repousser les rythmes clandestins de la guerre qui s'invitent dans son orchestre. La lassitude est là dans ses yeux fatigués, où le fatalisme joue avec la peur sur les sables mouvants de l'indifférence... 3 années dans cette ambiance je connais peu de gens qui ne seraient pas devenus fous à force de vivre avec cette incertitude de survivre....

Depuis 20h30 à quelques centaines de mètres le front de l'aéroport s'est brutalement réveillé pendant que le soleil s'endormait doucement au couchant, loin de la folie infatigable des Hommes....

À 21H30, de sourdes détonations marquent l'arrivée dans la danse de l'acier des obusiers lents et puissants qui pointent leurs gueules noires et brûlantes vers les lisières de Yasinovataya (5 km au Nord-Est)

Cette fois la musique est éteinte et la porte de la cave ouverte pour mieux repérer les arrivées éventuelles dangereuses et réagir vite...

A 22h30, les tirs s'estompent dans la noirceur de la nuit aussi vite qu'ils étaient apparus dans l'agonie du jour. Un chat se faufile entre les futures poires qui comme lui n'ont que faire de la guerre humaine... il est à la recherche de son amie la lune qui dessine des ombres clandestines entre des murs silencieux et éventrés...

A 00h00, nouveaux tirs de l'artillerie lourde ukrainienne dans le Nord Est (Yasinovataya). suivis par de nouveaux échanges de tirs dans notre secteur près de l'aéroport. Plusieurs rafales volent en sifflant par dessus les toitures silencieuses.

Bref... depuis 3 ans, des nuits "normales" pour Oktyabrsky !

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya !

Cet été 2017,  de violents orages alternent des journées caniculaires, lavant les blessures d'une guerre qui ne semble pas vouloir finir et qui, dans les coeurs des femmes et des hommes obscurcit toujours l'avenir du Donbass...


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Pour m'aider à libérer la vérité et soulager les coeurs et les corps 

Ce blog est le premier des 3 blogs que j'ai ouvert autour du soutien aux Républiques Populaires du Donbass, un travail d'information passionnant mais long et bénévole qui réclame votre soutien financier pour être réalisé et me permettre de vivre dans ce Donbass où je suis arrivé en janvier 2015 pour concrétiser mon engagement auprès de la population civile victime d'une guerre à caractère génocidaire lancée contre elle par les succubes occidentaux du Maïdan depuis avril 2014.

Vous pouvez envoyer vos dons sur le compte référencé ci après en n'omettant pas s'il vous plaît de mentionner le numéro référence à 10 chiffres qui figure au bas de ce Relevé d'Identité Bancaire.


La moindre petite somme est ici la bienvenue, sachant qu'avec 10 euros une personne peut vivre décemment entre 4 et 5 jours (pour exemple la location d'une maison individuelle coûte 50 euros par mois)

Opération "10 euros pour un Printemps"

Au delà des 10 000 roubles qui correspondent à mes frais mensuels moyens (alimentation, déplacements, hébergement, et travail) je reverse l'argent reçu auprès des civils du quartier bombardé d'Oktyabrsky dans lequel je vis (voir le lien ici : "Un Printemps pour Octobre")

Ces aides déjà réalisées en coordination avec les autorités civiles du district d'Oktyabrsky seront désormais portées réalisées en partenariat avec le Centre de représentation et portées au crédit de son action humanitaire au profit des populations bombardées du Donbass.

Des comptes rendus financiers et d'actions seront réalisés régulièrement sur ce blog ainsi que celui dédié à Oktyabrsky (lien ci dessus) 

Merci beaucoup de votre soutien moral et financier qui permet de consolider l'espérance et l'amitié entre les peuples.

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Ludmilla, une babouchka de 67 ans qui vit seule dans sa maison bombardée depuis 3 ans avec pour seul revenu une pension de 2500 rubles (moins de 50 euros) incarne cette population du Donbass que veut soutenir le Centre de représentation officielle en France de la République Populaire de Donetsk. c'est auprès d'elle la délégation a réalisé sa première aide humanitaire le 25 juin 2017.

mardi 20 juin 2017

Croix Rouge à Oktyabrsky

Chroniques d'Oktyabrsky 09


Cette semaine le CICR procède à une nouvelle et semble-il dernière distribution d'aides humanitaires sur le quartier d'Oktyabrsky, essentiellement des colis alimentaires distribués à des ayants droits référencés en coopération avec les services sociaux du District de Kuybishevsky et le Ministère des situations d'urgence de la République.

La Croix Rouge est présente sur le terrain du Donbass depuis le début de la guerre et en octobre 2014 et a payé son engagement lorsque l'un de ses envoyés suisse est tué lors d'un bombardement ukrainien du centre-ville.de Donetsk. Dans le quartier où je réside au Nord de Donetsk j'ai fait la connaissance des bénévoles qui travaillent à la distribution des aides aux victimes des bombardements qui sont démunies pour beaucoup depuis le début de la guerre.


Cette aide de la Croix rouge est complémentaire à d'autres aides réalisés par des associations humanitaires, communautaires ou des privés .

Il y avait foule à 12h00 lorsque je suis revenu du quartier de Krimlosky...

Peu d'organismes internationaux s’intéressent à ce conflit caché... la Croix Rouge, fidèle à son indépendance fait exception à cette règle et honneur à sa réputation !

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya




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S'il vous plaît, pour m'aider dans le travail de réinformation et l'aide engagée auprès des habitants sinistrés de mon quartier

Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos, mais également par des crapules, jaloux ou obsédés du monopole de l'information venus jouer les vautours dans le Donbass..

Au delà de mes besoins de subsistance (8 000 roubles par mois (150 euros au taux de change local) j'utilise les dons supplémentaires pour aider des personnes isolées et des familles de mon quartier.

Merci d'envoyer vos contributions de soutien sur le compte référencé ci après à partir duquel sont envoyés des virements vers le Donbass

Observation : la plus petite somme (équivalent à celle d'un paquet de cigarette) est la bienvenue et vitale ici.

En vous remerciant par avance de votre soutien moral et matériel

Bien à vous
Erwan

lundi 19 juin 2017

Bombardements sur l'aéroport

Chroniques d'Oktyabrsky 08


Publié initialement sur Facebook le 19 juin 2017

Passant par l'aéroport vers 20h30 ce soir, le footing a été interrompu par des tirs importants d'obusiers ukrainiens sur l'aéroport. Plusieurs coups ont frappé les ruines de cette aéroportuaire qui fut l'orgueil de Donetsk (et de l'Ukraine) mais qui, bombardée depuis 3 ans quasiment sans interruption est devenue un champs de ruines dantesque, à tel point qu'on peut de se demander ce qui peut encore brûler au milieu de ses amas de pierres éventrées et ferrailles tordues !

Quelques minutes après nos unités en défense ont riposté sur les positions de tir ukrainiennes et depuis le silence est revenu à part quelques échanges de mitrailleuses lourdes à partir des ruines aménagées en bunkers...

Photo prise à 20h40 ce 19 juin 2017 à 300 mètres au Sud du nouveau terminal


Autour de l'aéroport le nombre d'habitats touchés par les bombardements est impressionnant : quasiment 100% des maisons ont été touchés entre le boulevard Zlotna qui desservait la zone aéroportuaire vers Dontesk et la rue Stratanovtov qui relie Spartak à l'Ouest à Peski à l'Est. Dans ce quartier Est de Oktyabrsky qui continue a être pilonné par l'artillerie ukrainienne, plus de 50 % des maisons sont aujourd'hui complètement détruites, mais il reste des personnes âgées et même quelques familles qui survivent au milieu des ruines s’efforçant jour après jour entre 2 bombardements de réparer les dégâts occasionnés par la haine kiévienne.


Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

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S'il vous plaît, pour m'aider dans le travail de réinformation et l'aide engagée auprès des habitants sinistrés de mon quartier

Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos, mais également par des crapules, jaloux ou obsédés du monopole de l'information venus jouer les vautours dans le Donbass..

Au delà de mes besoins de subsistance (8 000 roubles par mois (150 euros au taux de change local) j'utilise les dons supplémentaires pour aider des personnes isolées et des familles de mon quartier.

Suite aux actions calomnieuses de militants pro ukrainiens qui engagent des procédures de fermeture de comptes bancaires, je vous demande de me contacter par mail : alawata@gmail.com pour que je vous transmette l'adresse où m'adresser les dons éventuels.

Observation : la plus petite somme (équivalent à celle d'un paquet de cigarette) est la bienvenue et vitale ici.

En vous remerciant par avance de votre soutien moral et matériel

Bien à vous
Erwan

jeudi 15 juin 2017

Interlude musical

Chroniques d'Oktyabrsky 07


Ce peuple du Donbass, même au coeur de ses quartiers bombardés par l'armée ukrainienne ne cessera jamais de m'étonner... :

Passant par la gare ferroviaire avant que ne reprennent de nouveaux bombardements, j'ai été interpellé par 2 musiciens, riverains de mon quartier, faisant la manche dans le passage piéton souterrain traversant les vois ferrées silencieuses : "Fransous ! slouchaech eta !"

Le temps de sortir ma caméra et hop... me voilà gratifié d'un clin d’œil musical bien français du début des années 70 (Michel Delpech "Pour un flirt"), histoire d'oublier un peu la guerre et d'évoquer "un temps "que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître" mais où la gouvernance française n'était pas le servile laquais de la ploutocratie mondialiste que nous connaissons aujourd'hui et qui précipite l'Europe vers une nouvelle guerre fratricide...


Le peuple du Donbass comme tous les autres peuples de la Russie, n'en déplaise aux bouffons BHL, Macron, Attali and Co, garde en mémoire l'amitié éternelle existant entre les français et les russes, et ne manque jamais une occasion de la chanter... ou de la boire !

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya 

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S'il vous plaît, pour m'aider dans le travail de réinformation et l'aide engagée auprès des habitants sinistrés de mon quartier

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Au delà de mes besoins de subsistance (8 000 roubles par mois (150 euros au taux de change local) j'utilise les dons supplémentaires pour aider des personnes isolées et des familles de mon quartier.

Suite aux actions calomnieuses de militants pro ukrainiens qui engagent des procédures de fermeture de comptes bancaires, je vous demande de me contacter par mail : alawata@gmail.com pour que je vous transmette l'adresse où m'adresser les dons éventuels.

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Erwan

lundi 12 juin 2017

Et ça continue encore et encore !

Une soirée d'été à Oktyabrsky plutôt "chaude" !


Chroniques d'Oktyabrsky 06

J'ai invité Philippe Calfine de l'agence News Front à venir constater dans le quartier d'Oktyabrsky où je réside l'aggravation de la situation militaire et notamment des bombardements ukrainiens.

Philippe est arrivé vers 18h00, en même temps que les "ukrops" intensifiaient leurs bombardements bombardements sur l'ensemble du front Nord de Donetsk, principalement sur l'intervalle entre l'aéroport et Spartak. Après un premier reportage dans le secteur de l'aéroport, nous bous sommes dirigés dans la partie orientale et détruite du quartier, entre Spartak au Nord et Putilovka au Sud.

Dès notre arrivée à proximité du pont de Putilovka nous avons été accueilli par des tirs de l'artillerie ukrainienne qui frappaient ce secteur depuis environ 1 heure. Sur l'ensemble de la ligne de front: résonnaient autour de nous les tirs de ZSU 23/2 mortiers et chars répondant à ceux des ukrainiens pilonnant le Nord de Donetsk. 


Ecoutez les accords de Minsk en 122 majeur !

Sur cette vidéo on peut entendre des départs et arrivées proches d'obusiers de 122 mm ukrainiens, des tirs de défense de ZSU 23/2 républicain (01'22'') ainsi que des échanges de tirs entre les unités qui se font face sur le front de Spartak (sur la gauche après le pont détruit). Nous nous sommes arrêtés avant le pont pour ne pas se retrouver dans l'axe des tirs ukrainiens...

Le pont de Putilovka 

Aujourd'hui, malgré la clarté tardive du jour invitant à se retrouver dans les jardins autour d'une table d'hôte, la reprise des tirs ukrainiens frappant, dès la fin d'après midi, dans le profondeur de la ligne de front oblige les familles étant restées dans le quartier à se replier à l'abri des murs de leurs habitats aux fenêtres scotchées (pour limiter les éclats de verre en cas de bombardements) derrière lesquelles veillent des icônes bienveillantes et protectrices.


Revenant du pont de Putilovka encadré par les tirs ukrainiens, nous passons par la rue Stratanovtov dans une atmosphèreb saturée par les duels que se livrent à quelques centaines de mètres plus au nord les unités de Kiev et les défenses républicaines fermement accrochées aux lisières Nord de Donetsk. Au loin des grondements rassurants de véhicules blindés se rapprochent du front, renforts indispensables en cas de tentative de percée ukrainienne..

Au milieu des ruines de la rue Sratanovtov surgit la frêle mais vive silhouette d'une grand mère qui nous apostrophe dans un premier temps d'une voix rude avant de se radoucir et sourire à la vue de nos livrets militaires et cartes de presse... cette grand mère qui nous donne elle-même "baba" pour la nommer n'a pas quitté sa maison plusieurs fois touchée par les bombardements depuis 3 ans; 

Philippe Calfine de News Front et "baba" la grand mère de la rue Stratanovtov qui est restée ici depuis 3 ans, courbée sous les balles et les années dans les ruines de sa maison bombardée 
Nous finissons notre rencontre autour d'une bière bien méritée près de l’hôpital 21, de l'autre côté du quartier d'Oktyabrsky, près de Volvo Center, ce pivot Ouest de la ligne de front de l'aéroport et que bombarde régulièrement les forces ukrainiennes positionnées dans le village de Peski à moins d'1 kilomètre au Nord...

Dans ce quartier de Krimlovsky, qui est celui de la mine de charbon d'Oktyabrsky (aujourd'hui fermée par la guerre) d'autres détonations résonnent aussi, rebondissant entre des immeubles aux balcons détruits et fenêtres brisées. 

Vers 22h00 je quitte Philippe et rejoins ma rue silencieuse où quelques rais de lumière tamisée perçant les fenêtres fermées témoignent que la vie continue malgré tout dans ce quartier qui depuis un 26 mai 2014 a basculé dans l'enfer...

Au Nord persistent à intervalles réguliers des détonations et explosions régulières et soutenues tandis que des balles continuent leur vol par dessus les toits de la rue voisine... drôle d'oiseaux nocturnes !


Erwan Castel, volontaire en Novorossiya


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Erwan



dimanche 11 juin 2017

Une nuit "normale" pour Oktyabrsky

Oktyabrsky entre les fracas des bombardements
et le silence de l'abandon


Le boulevard Zlotna, desservant l'aéroport est depuis 2014 un boulevard de la mort totalement désert
Chroniques d'Oktyabrsky 05

Beaucoup de gens me demandent plus de témoignages de la vie menée dans le quartier d'Oktyabrsky où je vis désormais. Il est difficile d'expliquer combien la guerre qui gronde à quelques centaines de mètres des habitations et menaçant quotidiennement les familles de crachats d'acier, est devenu familière pour ne pas dire banale.


Hier après midi l'horizon Nord Est s'est rempli du fracas des combats et bombardements se déroulant sur le secteur de Yasinovataya distant d'environ 5 kilomètres, avant que les orages d'acier ne se déplacent plus tard dans notre secteur, offrant au diner dans le jardin une ambiance surréaliste entre les chants russes d'Alexeï, l'excellente ratatouille française de Lena, les rires des enfants jouant dans les ruines de la maison voisine et les détonations retentissant à 1 kilomètre environ...

Là où certaines personnes, étrangers sortant de la bulle spatio-temporelle du centre ville pourraient interpréter cela comme de l'inconscience, j'y vois quant à moi du courage naturel et de la résilience exceptionnelle.

Dès la nuit tombée les tirs de l'artillerie ukrainienne se sont allongés, allant même frapper le secteur de Putilovka, près du pont détruit en 2014 lors des combats pour l'aéroport. C'est à ce moment là que je suis sorti vers le boulevard Zlotna où se concentraient de nombreux tirs d'obusiers . 

Dans cette courte vidéo d'une minute, prise au niveau du boulevard 
Zlotna, on entend des arrivées de 122 mm tirés par des obusiers 
ukrainiens positionnés à proximité de Peski, à l'Ouest de l'aéroport.

Les bombardements ont continué jusqu'à minuit environ, ponctués par des tirs de mitrailleuses des véhicules blindés d'infanterie venus appuyer les défenses du secteur, et des tirs de "zuchka" le ZSU 23-2, qui tiraient sur les drones volant au dessus de nos toits... 
Croisant un voisin sur le chemin du retour, nous avons échangé quelques minutes, tandis que Dimitri qui m'expliquait comment la vie avait quasiment disparu du quartier depuis 3 ans ponctuait chaque explosion à l'horizon de la rue par des "normal : Oktyabrsky !"

Ce matin à 5h15, comme chaque matin l'artillerie "ukrop" nous a gratifié d'un habituel réveil au son du canon dans la grisaille d'une matinée pluvieuse. 

Aujourd'hui c'est dimanche un moment où ici les risques de bombardements étant accrus la notion de "jour de repos" prend une dimension toute relative...
Mais la vie continue à Oktyabrsky, ou l'ombre arbres fruitiers aux feuillages colorés et sucrés projette sur les murs calcinés des promesses d'espérance invincible et de bonheur retrouvé...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Le quartier bombardé de la rue Stratanovtov, à Oktyabrsky, vu depuis le bâtiment "9 étages"
 - Photo Guillaume Chauvin -
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Erwan



vendredi 9 juin 2017

Tous les orages dansent à Oktyabrsky

Chroniques d'Oktyabrsky 04


8 janvier à l'aube 

Paru initialement sur Facebook le 8 juin 2017

04h20: réveil au son du canon

Les artilleurs ukrainiens semblent vouloir avec leurs canons  étirer le cauchemar des jours et raccourcir le sommeil des nuits. Ce matin dès le lever du jour, alors que la journée d'hier a été ponctuée de tirs réguliers sur toute la zone entre Yasinovataya au Nord Est jusque Volvo Center à L'Ouest d'Oktyabrsky, les explosions d'obus et les rafales de mitrailleuses lourdes ont retentit dès après 4h00 du matin du côté de Spartak et de l'aéroport.

04h45: l'intensité des tirs augmentent

05h10: des moteurs de véhicules blindés républicains prêts à intervenir tournent à proximité

05h30: une demi douzaine d'obus de 122mm arrivent entre le bâtiment "9 étages" et Spartak 

05h45: Accalmie et fin du réveil ukrainien !

L'immeuble "Diviet étages", près de l'aéroport , avenue Zlotna, toujours debout après 3 longues années de bombardements 
9 janvier au crépusule

La météo l'avait annoncé avec humour : violents orages prévus dans la journée, avec risque de "grad" tellement les ukrops nous ont habitué a tirer au moment des orages, quand nos sens sont déjà saturés par les enfants d'Ouranos 

A 19h00 le quartier d'Oktybrsky a été balayé par un orage violent lessivant d'Ouest en d'Est les rues où résonnaient déjà les craquements d'une l'artillerie ukrainienne qui, de Vesele à l'Ouest à Spartak à l'Est a soumis la ligne de front à des pilonnages importants.

19h30 : entre les orages et les bombardements les rues sont désertes et l'inondation des rues sollicite la mémoire pour éviter les cratères des impacts anciens.

20h00 : pendant le diner les tirs s'intensifient, des chars entrent aussi dans l'orage, répondant au tonnerre ukrainien.

22h00 : les nuages se sont éloignés mais les tirs continuent à marteler le secteur avec une régularité qui viennent juste déranger les tirs de mitrailleuses...

23h00 : Accalmie en vue...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya



vendredi 12 mai 2017

Un oasis de sérénité au milieu des ruines !

A la rencontre de la communauté tatare 


"Chroniques d'Oktyabrsky 3"

Aujourd'hui, avec une amie, nous sommes allé de nouveau à la rencontre de la communauté musulmane d'Oktyabrsky qui nous avait invité aujourd'hui dans la mosquée de Donetsk située dans leur quartier bombardé 

Alors qu'en France la communauté musulmane, médiatiquement prise en otage par un salafisme extrémiste cachant la forêt des vrais croyants, est soit instrumentalisée soit diabolisée, dans un monde russe majoritairement chrétien orthodoxe, l'identité musulmane est ici dépassionnée tout en étant vécue normalement intensément et en parfaite harmonie avec les autres communautés civiles ou religieuses. 
La vraie question que devrait se poser la société occidentale moderne qui a oublié les musulmans couchés dans ses cimetières militaires, n'est pas quels réponses apporter aux problèmes sociétaux religieux qui entourent cette communauté, mais pourquoi ils existent en Occident seulement aujourd'hui mais pas en Russie par exemple ... La réponse est peut-être plus à chercher plus du coté occidental et politique que du côté oriental et religieux, par exemple dans les soutiens néocolonialistes actuels au terrorisme salafiste, dans l'abandon des valeurs civilisationnelles qui cimentent une cohésion sociétale en imposant à toutes les communautés à la fois force, respect et protection etc., mais ceci est un autre débat...

Principalement composée de tatars, la communauté d'Oktyabrsky nous a accueilli les bras ouverts, nous invitant à suivre l'office religieux avant de partager un thé et des gateaux au rez de chaussée d'une mosquée moderne qui abrite, outre la salle de prière, une bibliothèque, un dortoir, une salle à manger et cuisine, des bureaux, ainsi qu'une école coranique...

Avant la guerre, cette communauté musulmane dans l'oblast de Donetsk était estimée à environ 7000 personnes, dont certaines familles venues du Tatarstan ou du Daghestan russes se sont implantées depuis plus d'un siècle dans le Donbass. Les salles de prière étaient alors organisées dans les lieux privés des uns des autres, jusqu'à ce que la Turquie réalise cette mosquée, dont la construction a été financée par le milliardaire Rinat Akhmetov, lui même tatar et musulman et qui a exercé un fort mécénat dans ce quartier nord de Donetsk dont il est originaire (école, hôpital, etc...)



Quand la guerre éclate, la communauté se retrouve en première ligne, surtout le secteur de sa mosquée qui a été construite à l'Ouest d'Oktyabrsky (en 1994) entre Peski et l'aéroport, à quelques centaines de mètres seulement d'une ligne de front particulièrement active. Autour de la mosquée les immeubles et les maisons sont frappés de plein fouet depuis 3 ans, l'immense piscine et le marché voisins sont détruits par les bombardements... 

Mais la coupole et ses 2 minarets couleur émeraude survivent depuis 3 ans aux orages d'acier quotidiens malgré des éclats qui régulièrement viennent crever les fenêtres ou griffer les murs.


La mosquée d'Oktyabrsky, elle non plus n'a pas été épargnée par les bombardements ukrainiens 
Au moment des premiers bombardements ukrainiens, de nombreuses personnes quittent le quartier pour se réfugier dans le centre ville, en Russie ou pour quelques unes en Ukraine où elles ont de la famille. 
Le quartier devient alors un champ de ruines où seules quelques personnes, par choix ou obligation, tentent de survivent. Lorsque le front se stabilise et malgré la poursuite des bombardements du secteur, la vie revient peu à peu autour et à l'intérieur de la mosquée que les fidèles avec des amis et voisins déblaient et réparent. Ce lieu de culte, devient même un centre d'accueil pour les personnes ayant perdu leur logement ou qui ne peuvent plus subvenir à leur subsistance...



Au milieu de l'esthétique ésotérique d'une calligraphie arabe ornementale, l'Iman Rushan nous accueille les bras ouverts et le coeur sur la main, nous expliquant par l'exemple comment, avec une poignée d'hommes et de femmes restés ici depuis 3 ans, la survie s'est organisée sous les bombardements. 

Ici, la Zakat, ce soutien financier qui est un des piliers de la foi musulmane, a pris avec la guerre une dimension élevée, vitale et urgente...

"Ceux qui n'ont rien ne donnent rien mais ceux qui ont de l'argent doivent partager avec les premiers, c'est un devoir sacré qui doit être fait pour aider tous ceux qui sont dans le besoin et ce quelle que soit leur communauté car tous nous sommes les fils du divin quel que soit le nom qu'on lui donne" souligne Rushan, cet homme de foi, imam humble au sourire accueillant et qui tient à nous offrir lui même le thé de l'hospitalité au coeur de son sanctuaire...


Les heures s'écoulent ici hors du temps et de l'espace dans une atmosphère sereine que viennent à peine troubler les explosions qui retentissent juste derrière le terril voisin qui signale la mine de charbon du quartier, depuis 3 ans fermée car traversée par la ligne de front...

A l'issue de la prière rituelle qui revêt ce vendredi une importance particulière du fait qu'elle ouvre le mois du "Chaabane", cette période de purification précédant le Ramadan, les membres de la communauté nous ont invité à partager boissons rafraîchissantes, thés parfumés et gateaux sucrés dans la salle de cours située au rez de chaussée de la salle de prière.


Dans les conversations qui vont bon train, la guerre bien sûr occupe les esprits mais surtout les aides à apporter aux voisins, aux amis, aux enfants que côtoient les membres de cette communauté qui évacuent les pollutions politiques et propagandistes pour ne considérer que la détresse appelant à une solidarité responsable.

Ces femmes et ces hommes aux allures discrètes et aux sourires chaleureux, à l'image de "l'auvergnat" de Brassens, invitent passant, et voisin, et bien au delà d'une déclinaison religieuse particulière en passant toutefois à travers elle, à venir s'abreuver à la source d'un humanisme universel. (mais non universaliste).


Je remercie Rushan, Khalima, Kamil et toutes ses femmes et ses hommes de l'accueil à la fois simple et chaleureux qu'il m'ont réservé, qu'ils soient assuré de mon amitié et respect les plus sincères .



En début d'après midi, nous quittons cette mosquée qui depuis les bombardements de Kiev est devenue pour beaucoup un oasis de paix et de réconfort, et nous nous engageons dans le désert de ruines calcinées, salués une dernière fois par des invitations à revenir encore à l'ombre de ces minarets accrochant le soleil, pour partager un nouveau thé fraternel et un bouquet d'espérances qui dans les coeurs d'Oktyabrsky ne fane jamais... 

Un grand merci également à Yulia, cette habitante et amie courageuse qui a choisi depuis 3 ans de rester sous les obus dans ce quartier où elle est née et a grandi et qu'elle porte au plus profond de son coeur. 

Traductrice patiente et dévouée, Yulia m'aide depuis des mois à rencontrer ces hommes et ces femmes exceptionnels du Donbass, comme ces tatars d'Oktyabrsky qui humblement et quotidiennement, par le respect et le partage nous montrent ce qu'est la vraie noblesse de coeur. 

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

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S'il vous plaît, pour m'aider dans le travail de réinformation et l'aide engagée auprès des habitants sinistrés de mon quartier

Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos, mais également par des crapules comme Eric B. ou des obsédés du monopole de l'information.

J'ai réduits mes besoins de subsistance à leur portion congrue (8 000 roubles par mois (150 euros au taux de change local) pour pouvoir  plus encore aider des personnes isolées et des familles de mon quartier.

Merci d'envoyer vos contributions de soutien sur le compte référencé ci après à partir duquel sont envoyés des virements vers le Donbass

Observation : la plus petite somme (équivalent à celle d'un paquet de cigarette) est la bienvenue et vitale ici.

En vous remerciant par avance de votre soutien moral et matériel

Bien à vous
Erwan