dimanche 11 juin 2017

Une nuit "normale" pour Oktyabrsky

Oktyabrsky entre les fracas des bombardements
et le silence de l'abandon


Le boulevard Zlotna, desservant l'aéroport est depuis 2014 un boulevard de la mort totalement désert
Chroniques d'Oktyabrsky 05

Beaucoup de gens me demandent plus de témoignages de la vie menée dans le quartier d'Oktyabrsky où je vis désormais. Il est difficile d'expliquer combien la guerre qui gronde à quelques centaines de mètres des habitations et menaçant quotidiennement les familles de crachats d'acier, est devenu familière pour ne pas dire banale.


Hier après midi l'horizon Nord Est s'est rempli du fracas des combats et bombardements se déroulant sur le secteur de Yasinovataya distant d'environ 5 kilomètres, avant que les orages d'acier ne se déplacent plus tard dans notre secteur, offrant au diner dans le jardin une ambiance surréaliste entre les chants russes d'Alexeï, l'excellente ratatouille française de Lena, les rires des enfants jouant dans les ruines de la maison voisine et les détonations retentissant à 1 kilomètre environ...

Là où certaines personnes, étrangers sortant de la bulle spatio-temporelle du centre ville pourraient interpréter cela comme de l'inconscience, j'y vois quant à moi du courage naturel et de la résilience exceptionnelle.

Dès la nuit tombée les tirs de l'artillerie ukrainienne se sont allongés, allant même frapper le secteur de Putilovka, près du pont détruit en 2014 lors des combats pour l'aéroport. C'est à ce moment là que je suis sorti vers le boulevard Zlotna où se concentraient de nombreux tirs d'obusiers . 

Dans cette courte vidéo d'une minute, prise au niveau du boulevard 
Zlotna, on entend des arrivées de 122 mm tirés par des obusiers 
ukrainiens positionnés à proximité de Peski, à l'Ouest de l'aéroport.

Les bombardements ont continué jusqu'à minuit environ, ponctués par des tirs de mitrailleuses des véhicules blindés d'infanterie venus appuyer les défenses du secteur, et des tirs de "zuchka" le ZSU 23-2, qui tiraient sur les drones volant au dessus de nos toits... 
Croisant un voisin sur le chemin du retour, nous avons échangé quelques minutes, tandis que Dimitri qui m'expliquait comment la vie avait quasiment disparu du quartier depuis 3 ans ponctuait chaque explosion à l'horizon de la rue par des "normal : Oktyabrsky !"

Ce matin à 5h15, comme chaque matin l'artillerie "ukrop" nous a gratifié d'un habituel réveil au son du canon dans la grisaille d'une matinée pluvieuse. 

Aujourd'hui c'est dimanche un moment où ici les risques de bombardements étant accrus la notion de "jour de repos" prend une dimension toute relative...
Mais la vie continue à Oktyabrsky, ou l'ombre arbres fruitiers aux feuillages colorés et sucrés projette sur les murs calcinés des promesses d'espérance invincible et de bonheur retrouvé...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Le quartier bombardé de la rue Stratanovtov, à Oktyabrsky, vu depuis le bâtiment "9 étages"
 - Photo Guillaume Chauvin -
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